Editorial écrit par Guillaume Jourdan
Dans son article paru ce matin dans le Financial Times, la journaliste Jancis Robinson se pose la question suivante: « Pourquoi l’Hermitage n’est il pas aussi célèbre aujourd’hui qu’il le devrait? » Ses réponses sont au nombre de trois: « C’est peut-être dû en partie à des prix élevés et aux faibles quantités des parcellaires Chapoutier, la réticence naturelle de Jean-Louis Chave et l’incertitude sur les vins de Paul Jaboulet Aîné, dont l’Hermitage La Chapelle était autrefois considéré comme la star de l’appellation. »
Quel chemin déjà parcouru par la Vallée du Rhône ! Si l’Hermitage n’est pas autant célébré aujourd’hui, cela est peut être aussi du à l’inertie du marché qui a mis du temps à reconnaitre la qualité exceptionnelle des grands vins de cette région. Grands châteaux de Bordeaux et grands vins de Bourgogne ont été portés aux nues pendant de longues années en laissant derrière les autres appellations dont notamment celles de la Vallée du Rhône. Outre Châteauneuf du Pape qui a une reconnaissance mondiale en partie liée à l’amour que porte le célébre critique américain Robert Parker, les autres grandes appellations souffraient un peu de déficit d’image. Je dis « souffraient » parce que les choses changent. Récemment en Asie, mes conversations ont souvent porté sur cette région et notamment sur les vins prestigieux du Nord de la vallée du Rhône comme les Condrieu, les Cote Rotie, Saint Joseph ou autres Cornas. Blancs comme rouges, ces vins se plaisent lorsqu’ils sont accompagnés de plats japonais, chinois, coréens, thäilandais…Jancis Robinson a raison d’écrire que ces vins ne sont pas assez célébrés aujourd’hui sur les tables. Mais la belle série de millésimes depuis 2000 (hormis 2002 et 2008) a permis chaque année de présenter des vins de grande classe et de grande qualité, avec un excellent potentiel de vieillissement. Le travail exceptionnel des vignerons et la nature généreuse de la belle Vallée du Rhône contribueront, dans les prochaines années, à combler ce déficit d’image pour redonner à l’Hermitage ses véritables lettres de noblesse.
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